Discours sur les prix littéraires 2000

Le 30 novembre 2000

Marc FUMAROLI

Discours sur les prix littéraires

   

     Mesdames, Messieurs, mes chers Confrères,

     On ne saurait imaginer une distribution solennelle de palmes et de lauriers sans un sentiment de joie et de fête. On ne saurait non plus se dispenser, en pareille fête, de rappeler dans quel esprit sont décernés chaque année, en préparant de longue main notre séance de rentrée, ces palmes et ces lauriers.

     L’Académie française est une institution trop singulière pour que beaucoup d’idées fausses ne circulent pas à son sujet. Sous couleur de l’intérêt que nous portons depuis près de quatre siècles à la langue française et à son bon usage, on nous prend volontiers pour un séminaire spécialisé de lexicographes et de grammairiens. Sous prétexte que d’illustres écrivains ont souvent, depuis Louis XIV, fait grande figure dans cette Compagnie, nous passons quelquefois pour un jury d’écrivains siégeant entre eux et en petit comité. D’autres encore veulent voir en nous une sorte de parlement bis, où sont représentées, ou bien devraient l’être, toutes les corporations, professions, familles politiques, familles religieuses que la République s’efforce de traiter équitablement, et Dieu sait si elles sont nombreuses et jalouses.

      À ces malentendus, lorsqu’ils se transforment en critiques, on est tenté de répondre avec le poète : « Les délicats sont malheureux./ Rien ne saurait les satisfaire. » Mais il faut aussi comprendre ces délicats : l’époque penche du côté des compétences de plus en plus étroitement spécialisées, elle penche aussi du côté de l’esprit de coterie, ou de groupe d’influence, de plus en plus envahissant. Nos observateurs, parfois myopes, sont tout naturellement influencés par cette pente d’époque. Je ne crois pas trahir le sentiment de notre Compagnie en affirmant qu’elle ne penchera d’aucun côté, et encore moins aujourd’hui qu’hier.

     En 1879, répondant à des malentendus ou à des critiques de même ordre, Ernest Renan, dans son Discours de remerciement, définissait ainsi l’esprit de la singulière maison où il était reçu :

      « La plupart des pays civilisés, depuis le XVIe siècle, ont eu des Académies, et la science a tiré le plus grand profit de ces associations, où de la discussion et de la confrontation des idées, naît parfois la vérité. Votre principe va plus loin, et plonge plus profondément dans l’intime de l’esprit humain. Vous trouvez que le poète, l’orateur, le philosophe, le savant, le politique, l’homme qui représente éminemment la civilité d’une nation, celui qui porte dignement un de ces noms qui sont synonymes d’honneur et de patrie, que tous ces hommes là, dis-je, sont confrères, qu’ils travaillent à une œuvre commune, à constituer une société grande et libérale. Rien ne vous est indifférent : le charme mondain, le goût, le tact, sont pour vous de bonne littérature. Ceux qui parlent bien, ceux qui pensent bien, ceux qui sentent bien, le savant qui a fait de profondes découvertes, l’homme éloquent qui a dirigé sa patrie dans la glorieuse voie du gouvernement libre, le méditatif solitaire qui a consacré sa vie à la vérité, tout ce qui a de l’éclat, tout ce qui produit de la lumière et de la chaleur, tout ce dont l’opinion éclairée s’occupe et s’entretient, tout cela vous appartient : car vous repoussez également l’étroite conception de la vie qui renferme chaque homme dans sa spécialité comme dans une espèce de besogne obscure dont il ne doit pas sortir, et le pédantisme qui confine l’art de bien dire dans les écoles, séparé du monde et de la vie ».

     En somme, l’Académie française résumait pour le grand historien et philologue l’idée que la Renaissance s’était faite des humanités, une clairière de la parole au carrefour de toutes les spécialités, là où il est question de l’essentiel et du primordial, c’est-à-dire de ce qui nous fait vivre humainement et civilement en société. Sans forcer la pensée de Renan, on a le droit de l’étendre à la langue, souci majeur de notre Compagnie, parce qu’elle est le lien social par excellence.

     Et puisque il me revient aujourd’hui de proclamer les nombreux Prix décernés cette année par l’Académie française, j’étendrai la pensée d’Ernest Renan jusqu’à cette distribution annuelle de récompenses et d’honneurs, que nous avons longuement méditée au cours des mois écoulés. Là aussi, notre critère n’est ni la littérature au sens étroit et confiné d’écriture, ni telle ou telle autre spécialité repliée sur elle même, mais le talent, la pensée, le style, l’amour du beau, l’amour du bien, assez généreux pour produire, par les actes ou par l’écrit, de l’éclat et de la lumière bénéfiques à la conversation générale des esprits.

     À tout seigneur tout honneur. Je commencerai par le Grand Prix de la Francophonie, le plus prestigieux et le mieux doté de tous. Il a été décerné au professeur Giovanni Macchia, le premier Italien à en être bénéficiaire depuis la fondation de ce Prix en 1986. Je suis heureux de remettre cet acte de reconnaissance à S. Exc. Federico Di Roberto, ambassadeur d’Italie en France, qui représente aujourd’hui, le récipiendaire.

     Le professeur Macchia est l’un des derniers seigneurs de l’Université italienne. Ces grandes figures de la vie publique dans la Péninsule réunissent en eux les talents et les genres de vie souvent séparés chez nous, ceux du grand homme de lettres à la Roger Martin du Gard, vivant et régnant au centre d’une immense bibliothèque, entouré de beaux meubles et de beaux tableaux, et ceux du professeur à la manière d’un Raymond Picard ou d’un André Chastel, attirant à leur enseignement des foules d’étudiants, formant de nombreux élèves, et publiant à leur intention d’impressionnants manuels et de nombreux ouvrages à la fois élégants et érudits. Dans la même haute lignée italienne, on peut nommer parmi les disparus Benedetto Croce, Mario Praz, et leur ami commun, moins connu en France, Emilio Cecchi. Parmi les vivants, plus jeunes que le professeur Macchia et, signe des temps, détachés de l’Université, l’un dans l’édition, l’autre dans la direction de collection et le grand journalisme, on peut citer Roberto Calasso et Pietro Citati. Aucun n’a pris le chemin du roman, comme l’a fait Umberto Eco. Mais tous ont été ou sont tenus pour des pairs par les grands romanciers et poètes italiens de leur génération.

     Le mérite particulier, du point de vue francophone, de Giovanni Macchia est d’avoir consacré tout son talent de grand écrivain et toute sa science de professeur de l’Université de Rome aux lettres françaises. Respecté en Italie comme un sorte de Trésor national vivant, il a conquis en France, par de nombreuses traductions et même par une adaptation théâtrale de son livre Le silence de Molière, une notoriété exceptionnelle.

     Notoriété amplement justifiée, car son palazzo romain et sa bibliothèque, qu’il ne peut malheureusement plus quitter, sont l’une de nos ambassades dans la capitale italienne, et ses écrits, qui réunissent à l’érudition la verve, l’imagination et le style, portent la marque d’une véritable transfusion d’esprit entre nos deux langues et nos deux traditions littéraires. On a l’impression que Giovanni Macchia, rendant à la France ce que Stendhal a donné à l’Italie, a trouvé dans notre langue, nos auteurs, nos mœurs, notre capitale, une sorte de paradis intérieur dont il connaît, mieux que nous les dédales obscurs et les grandes avenues et où il fréquente familièrement nos géomètres, et nos grands rêveurs de toujours. Il a fait partager à des générations d’Italiens et d’Italiennes cette connaissance subtile et intime de la France littéraire, non seulement dans quatre volumes d’une Littérature française, qui mériterait de devenir en traduction un manuel de nos lycées, mais surtout par une impressionnante série d’essais, commencée par un Baudelaire critique en 1939, et poursuivie jusqu’aujourd’hui. Plusieurs ont été traduits, et notamment son Paris en ruines, qui a obtenu en 1988 le Prix Médicis de l’essai. Livre clef, où éclate l’idée sous-jacente à toute l’œuvre de Macchia selon laquelle Paris est, avec l’Athènes et la Rome antiques, la troisième capitale classique, et c’est pourquoi tant d’auteurs français l’ont imaginée par avance, comme le Louvre d’Hubert Robert, écroulée, déserte, et redécouverte dans un lointain futur par philologues et archéologues. Notre XVIIe siècle, cartésien ou anti-cartésien, est un séjour de prédilection pour Giovanni Macchia, et nul mieux que lui, dans un livre intitulé L’école des sentiments, n’a fait valoir l’intelligence du cœur de nos moralistes classiques, trop souvent méconnue au bénéfice excessif d’une froide grandeur officielle. Faute de pouvoir élire parmi nous ce grand Français d’adoption, nous nous devions du moins de lui décerner ce Grand Prix.

     À titre exceptionnel, l’Académie a tenu à décerner cette année, au titre de la Francophonie, une Médaille d’or de la Présence française à S.A.R., la princesse de Bourbon-Parme, princesse de Lobkowitz, qui, ces vingt dernières années, a consacré sa vie au Liban. Ce pays francophone, naguère miracle de paix et d’équilibre entre communautés différentes, est déchiré depuis un quart de siècle par la guerre, latente ou ouverte, intérieure ou extérieure à ses frontières.

     La princesse de Lobkowitz y a fondé, sous le drapeau de l’ordre de Malte, plusieurs centres d’aides humanitaires répartis à travers le pays, où les Libanais de toutes confessions — enfants, adultes, malades, miséreux — sont accueillis, soignés, vêtus, aidés matériellement et moralement. Ces centres vivent grâce à l’effort constant de Françoise de Lobkowitz et de son mari le prince Édouard pour trouver à travers le monde les moyens financiers d’une telle entreprise. Par leur présence quasi permanente sur place, l’une et l’autre apportent depuis de longues années à des hommes et à un pays malheureux le témoignage que la France de charité et de mémoire ne les abandonne pas.

     Une Médaille de la Francophonie a été décernée à M. Andréï Makhine. Depuis Le Testament français, qui lui valut à la fois les prix Goncourt et Médicis en 1995, M. Makhine a publié, avec Le Crime d’Olga Arbélina et Requiem pour l’Est, un roman et un essai qui ont confirmé son talent et qui déjà dessinent les nervures d’une œuvre. Ce jeune Russe qui a choisi de devenir Français et d’écrire directement en français est parti de la contradiction entre l’image officielle de sa première patrie enseignée à son enfance et la mémoire affective qui, en France, lui apprenait une autre Russie. Il a trouvé dans notre langue un moyen terme qui lui permet, entre rêve et réveil lucide, entre douceur et gravité, de faire comprendre l’une par l’autre ses deux patries simultanées.

     En 1972, l’Académie couronnait un jeune auteur de vingt-sept ans pour son second roman, intitulé Les Boulevards de ceinture. « C’était beaucoup d’audace de notre part, remarque M. Michel Déon dans son rapport, et un joli pari sur l’avenir de cet écrivain. Non seulement, M. Patrick Modiano ne nous a pas déçus par la suite, mais son œuvre a pris, de livre en livre, une ampleur et une gravité de plus en plus déchirantes ».

     La manière de l’écrivain auquel nous décernons le Grand Prix de Littérature Paul Morand de l’an 2000 est si particulière, si fidèle à elle-même, que, sans même lire le nom de l’auteur, on la reconnaît dès la première phrase de chacun de ses nouveaux ouvrages. C’est une mélopée poignante et nue. D’une partition à l’autre, elle accompagne le lecteur dans un Paris hanté, quasi désert, sur une piste à demi-effacée, à la poursuite de la présence envoûtante, énigmatique et silencieuse d’une silhouette évanouie.

     Dans un tout autre ordre d’excellence, l’Académie a choisi de décerner à M.Yves Guéna, pour son livre Le Baron Louis, le Prix Jacques de Fouchier. Ce prix, je vous le rappelle, est destiné, selon la volonté de son fondateur « à une œuvre remarquable par son sujet, son style, et dont l’auteur n’appartient pas aux professions littéraires ».

      « De tous les hommes qui jouèrent un rôle de première importance, de 1789 à la Monarchie de Juillet, seul le baron Louis n’avait pas de biographie », observe notre Secrétaire perpétuel honoraire, M. Maurice Druon. « M. Yves Guéna, écrit-il encore dans son rapport, grâce à des archives familiales, mais aussi grâce à son intime fréquentation de l’histoire, sa longue pratique des responsabilités publiques et un évident talent de plume, vient de combler cette lacune. M. Yves Guéna a l’expérience des périodes où la France vacille, s’effondre, puis se redresse grâce au courage et à la lucidité de quelques-uns. Engagé de la France libre, il rejoignit Londres dès le 19 juin 1940. Député, sénateur, cinq fois ministre du général de Gaulle et de Georges Pompidou, il est aujourd’hui président du Conseil constitutionnel. Il se révèle aussi, par cet ouvrage, un auteur de qualité que nous avons voulu reconnaître en lui décernant le prix qui porte le nom du grand économiste Jacques de Fouchier ».

      Auteur d’Eucharis et du Veilleur amoureux, M. Philippe Delaveau, à qui l’Académie décerne le Grand Prix de Poésie pour l’ensemble de son œuvre, est, nous dit M. Michel Déon, un poète authentique, à la fois multiple et secret. Et notre confrère commente ainsi cette définition : « Ce qu’il a de multiple est une appartenance à plusieurs civilisations d’esprit, la grecque, la latine, la française. Ce qu’il a de secret est sa propre voix, indéfinissable, grave, interrogeant le mystère du monde, l’origine de ses créations, ses angoisses comme ses émerveillements ».

      Terrasse à Rome de M. Pascal Quignard reçoit le Grand Prix du Roman. Avec ce livre, Pascal Quignard revient à la manière brève, noire, aphoristique des Tablettes de bois d’Aproninia Aquinia, publiées en 1984. Mais cette fois, il ne s’agit plus d’une grande dame romaine imprimant nerveusement son stylus dans la cire, pour mieux dédaigner Rome qui se désagrège, mais d’un graveur lorrain du XVIIe siècle, proche de Claude Gellée et contemporain de la guerre de Trente ans. Il pratique l’eau-forte et la pointe sèche sur cuivre. Son visage lui-même a été un jour labouré d’acide. Dans la forme comme dans le sujet, cette suite de courts chapitres est un hommage admirable rendu à l’art de la gravure si souvent réduit au rang de parent pauvre de la peinture. « On doit regarder les graveurs comme des traducteurs, écrit Pascal Quignard ; ils font passer les beautés d’une langue riche et magnifique dans une autre qui l’est moins à la vérité, mais qui a plus de violence ». Cet éloge du trait juste et rare, du renoncement et de l’évidement résonne à la fois dans cette biographie imaginaire d’un graveur marginal, stoïque et silencieux, et dans le style de son biographe, aigu et sans repentir comme le sillon du burin dans le cuivre.

      Le Grand Prix de Philosophie a été attribué cette année l’œuvre de M. Gustave Thibon. La pensée de l’ami de Simone Weil se situe tout entière sous le signe du paradoxe. Métaphysicien, il répugne à l’abstraction. Chantre de la tradition, il se dérobe à tout enseignement. Écrivain chrétien qui en appelle à la puissance du verbe, il fait pour lui-même vœu de silence. Celui en qui notre confrère Henri Massis voyait « un homme qui n’a jamais rien négligé pour se faire oublier » ne nous en voudra pas de le troubler une seconde fois dans sa thébaïde. L’Académie, qui lui avait offert le Grand Prix de Littérature en 1964, tenait à l’assurer de sa fidèle admiration.

      Le Grand Prix Gobert couronne l’ensemble de l’œuvre de M. Alain Corbin. Professeur à la Sorbonne, M. Alain Corbin étudie, depuis des années, la vie secrète du peuple français du XIXe siècle. Il semble avoir voulu faire mentir le mot de Balzac : « L’endroit des choses appartient aux hommes, l’envers appartient à Dieu ». Dans des ouvrages tels que Le Temps, le désir et l’horreur, Les Cloches de la terre ou Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, il recompose avec patience, dans leur envers intime si difficilement accessible à l’historien, les gestes, les croyances et jusqu’à la sensibilité olfactive ou sonore de ceux — artisans, paysans, domestiques ou prostituées — qui ne nous transmirent aucun témoignage écrit et s’endormirent (je cite) « sans chance aucune de laisser trace dans le souvenir des hommes »1. M. Alain Corbin n’a jamais cessé de travailler sur des sujets où (je cite) « le statut du document et la validité de la preuve posent des problèmes d’une particulière acuité »2. Son œuvre repousse audacieusement les limites de la méthode historique et les porte à des confins où elle rejoint le Flaubert d’Un coeur simple.

      Le Prix de la Biographie littéraire va à M. Jacques Cellard. Ce gourmet et grand chroniqueur du langage s’est livré à une méticuleuse enquête sur la vie de Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne. Notre confrère Jean Dutourd s’est enthousiasmé pour le livre qui en est résulté et il n’a eu aucune peine à entraîner notre adhésion.

     « Restif, écrit-il dans son rapport, est un de nos plus grands écrivains et des plus méconnus. Sa fécondité lui a fait du tort. Mais dans l’océan de ses livres, il y a quelques chefs-d’œuvre, et ce sont des chefs-d’œuvre uniques dans leur genre, car il est le seul écrivain du XVIIIe siècle à avoir peint dans tous les détails le peuple français. En le lisant, on a une impression de vie, de vérité, de chaleur qu’on ne trouve ni chez Diderot, ni chez Rousseau ni chez Voltaire, pour ne citer que les grands. Le mérite de Jacques Cellard est d’avoir écrit une vaste biographie de ce « génie dévergondé », comme il l’appelle, de le montrer sous tous ses aspects et dans ses diverses métamorphoses, sans rien cacher de ses vices ni de ses qualités, sans que jamais non plus l’admiration n’éclipse l’esprit critique. Ce grand travail de discernement et de réhabilitation méritait que l’Académie le récompensât par une de ses plus hautes distinctions. »

      M. Laurent Theis reçoit le Prix de la Biographie historique pour Robert le Pieux. Auteur de plusieurs études sur des épisodes notoires ou des figures saisissantes du Moyen âge royal, M. Laurent Theis s’est surpassé lui-même dans ce dernier ouvrage. « Il fallait pourtant de l’audace, remarque M. Alain Decaux, pour consacrer un livre à celui de nos rois resté le plus obscur. [...] L’art de Laurent Theis a été de rendre quasi actuelle l’époque où ce prince a régné et de nous faire traverser avec lui l’an mil avec autant de naturel que nous l’avons fait nous-mêmes pour l’an 2000 ».

      Le Prix de la Critique revient à M. Jean-Claude Lebrun. Il fut l’une des voix du Masque et la plume. Il est titulaire depuis 1992 de la chronique littéraire de L’Humanité. L’Académie récompense par ce prix la pertinence autant que l’indépendance de ses articles.

     Par son Prix de l’Essai, l’Académie a voulu saluer le dernier ouvrage de Mme Florence Delay, Dit Nerval. Ce titre gothique pourrait être cousu sur le bandeau d’une tapisserie de Dame à la Licorne où l’artiste aurait tenu la gageure d’entremêler un portrait, des fragments d’autobiographie, et une évocation de la poésie, de l’âme et de la vie d’un grand troubadour.

     Le portrait, c’est celui du professeur Jean Delay, notre très regretté confrère, le père de l’auteur, à la fois psychiatre et lié à de nombreux écrivains. André Gide fut son ami et son patient. Admirable écrivain lui-même, Jean Delay prit son célèbre patient pour modèle dans un chef-d’œuvre de la biographie intérieure : La jeunesse d’André Gide.

     « La psychiatrie, a écrit le professeur Delay, n’est pas un biais pour venir à la littérature, c’est la littérature même ». Il était donc tout naturel que ce lettré doublé d’un médecin des âmes se passionnât aussi pour Gérard Labrunie, dont les sonnets les plus énigmatiques et les proses les plus enchanteresses ont été écrits dans les intervalles de ses séjours dans la clinique du Dr Blanche, psychiatre de cette même École française dont Jean Delay devait être, un siècle plus tard, l’un des praticiens les plus doués.

     Un peu comme la petite fille de Ce que savait Maisie, l’auteur de Dit Nerval écoutait en silence son père lire à haute voix Les Filles du feu du poète, associées à de sévères et bizarres préoccupations professionnelles. Elle éprouvait de vives réserves. Ce n’est certes pas dans cette direction que, devenue elle-même écrivain, elle orienta ses romans, dont l’un s’intitulera même, défi à toute mélancolie, Riche et légère. Conduite à lire ou relire beaucoup plus tard Les Faux Saulniers de Nerval, dans la savante édition nouvelle publiée par Claude Pichois, parallèlement aux lettres et manuscrits de son père venus entre ses mains, elle a été poussée à dévider une ancienne pelote de résistances et de souvenirs oubliés. Cela nous a valu cette apparition simultanée de Jean Delay chez lui et à Sainte-Anne, de Gérard Labrunie chez le Dr Blanche et une méditation sur l’inquiétante étrangeté de l’imagination nervalienne du passé, où la seule trace de folie est l’échappée bienheureuse de la prose dans la poésie.

      Le Prix de la Nouvelle couronne le recueil de Mme Anna Gavalda Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part. « Dans un temps où les éditeurs sont de moins en moins tentés par la nouvelle, où les magazines n’en publient pratiquement plus, écrit M. Michel Déon dans son rapport, ce genre si français est menacé de disparaître. Mais le livre d’Anna Gavalda dans sa liberté, dans son invention et surtout dans son ton moitié moquerie de soi-même, moitié moquerie des petits drames qu’elle raconte avec des bonheurs d’expression qu’on lui envie, cet ensemble de nouvelles est une réussite qu’il faut saluer ».

      Les Prix d’Académie couronnent cette année trois ouvrages :

     Le premier d’entre eux est Le Vau, de Mme Hilary Ballon. Professeur à l’Université de Columbia où elle enseigne l’architecture française du Grand Siècle, Mme Ballon reconstitue, dans ce livre d’une érudition à la fois profonde et alerte, la genèse du collège des Quatre-Nations, devenu en 1807 le siège de l’Institut de France. Louis Le Vau, chargé d’exécuter un legs et un vœu du cardinal Mazarin, dut compter avec la rivalité du redoutable Bernin invité à Paris en 1665, les manœuvres souvent hostiles de Colbert, les frictions entre hauts fonctionnaires et échevins. Il sut imposer une architecture digne de faire face au Louvre. Mme Ballon n’hésite pas à élargir son propos, et à réhabiliter pleinement le génie de Le Vau, toujours injustement et à tort sacrifié à Mansart. Nous souhaitons qu’un ouvrage aussi neuf, érudit et intelligent trouve au plus vite un traducteur et un éditeur français.

      Le second Prix d’Académie est décerné à M. Bernard Hoepffner et à Mme Catherine Goffaux, pour leur traduction de l’Anatomie de la mélancolie de Robert Burton. « Rien de plus étrange, écrit M. Hector Bianciotti, que l’encyclopédie intime de Robert Burton, chanoine d’Oxford au temps de Jacques 1er Stuart, elle ne ressemble à aucune autre, et l’auteur n’est proche de personne. Mais cette œuvre, composée en grande partie de livres, ce « livre de sable » dont les pages se multiplient indéfiniment, de façon magique, est inépuisable. Et on ne saurait assez vanter le labeur intrépide de Bernard Hoepffner et de sa collaboratrice, si l’on songe à la guerre qu’ont dû se livrer, sous leur plume, le français moderne et l’anglais baroque de Burton, constellé de citations latines et grecques ».

      Le troisième Prix d’Académie est attribué à M. Philippe Lamarque pour son savant ouvrage sur L’Héraldique napoléonienne, préfacé par M. Michel Pastoureau. M. Lamarque a mené à bien le premier recensement exhaustif des blasons impériaux. Son livre est d’ores et déjà un ouvrage de référence en matière d’héraldique, science singulière dont les règles demeurent immuables depuis le XIIe siècle et qui, dans le monde entier, conserve toujours la langue française comme mode d’expression.

      Mme Yasmina Reza avait obtenu, en 1998, le Prix de la Nouvelle de l’Académie française pour Hammerklavier. Avec Une désolation, l’an dernier, elle avait retenu l’attention de la Compagnie sur ses talents de romancière. Elle reçoit aujourd’hui le Prix du Théâtre pour l’ensemble de son œuvre de dramaturge.

      Les fées du succès, avec celles du talent, semblent être apparues toutes à la fois autour du berceau de Mme Reza. Elle peut toucher à tous les genres : les trompettes de la renommée sonnent sans tarder. Mais au théâtre, ce sont les trompettes du triomphe. Après avoir adapté à la scène La Métamorphose de Kafka, elle s’est imposée, avec Conversations après un enterrement, La Traversée de l’hiver, L’Homme du hasard, et surtout Art, joué dans toutes les langues et sur tous les continents. Sa nouvelle pièce, actuellement montée et jouée à Paris, et où elle tient elle-même l’un des rôles est sans l’ombre d’un doute appelée à faire le tour du monde. Elle a l’intelligence mordante et le sens du trait qui fait vivre le dialogue. Elle sait donc comment réveiller avec esprit des spectateurs de théâtre lassés des provocations faciles et des bafouillements d’avant-garde.

      Le Prix du Jeune Théâtre Béatrix Dussane-André Roussin est attribué à M. Jean-Marie Gourio, pour Brèves de comptoir. Son œuvre, pêchée dans le vivier des conversations de café, ne nous livre pas seulement un florilège de drôlerie. Elle joue sur la parenté secrète qui unit le bon sens au non-sens et le truisme à l’absurdité. Homme de presse et de télévision, Jean-Marie Gourio s’est donné pour parrain, en littérature, le Flaubert de Bouvard et Pécuchet : ses Brèves de comptoir sont dédiées à ces deux apôtres modernes du poncif et du comique involontaire.

      Le Prix René Clair va, pour l’ensemble de son œuvre cinématographique, à M. Patrice Leconte qui, en une vingtaine de films et des dizaines de courts métrages, a apporté la preuve d’un talent versatile. Dans sa filmographie, voisinent des farces cruelles sur notre temps et des comédies étranges et poétiques. On y rencontre même, avec Ridicule, une satire grossie à la loupe des règles du jeu social français quand il se réduit aux manigances et gesticulations de cour. René Clair, dont le nom est désormais associé à notre Grand Prix de Cinéma, aurait sans doute goûté cet éclectisme et cet esprit critique.

      La Grande médaille de la Chanson française est décernée à M. Henri Salvador. Sa fantaisie a miraculeusement maintenu à l’âge des collégiens cet ancien de chez Ray Ventura, ce jeune complice de Boris Vian. Il vient d’enregistrer et de publier un nouveau disque, immédiatement écouté et chantonné à sa suite par quatre générations réconciliées. Il mêle les formes musicales les plus diverses dans le creuset d’un style bien à lui, et bien à nous, car il fait partie de ce que nous appelons encore avec tendresse nos « variétés ». Que ce baladin ensoleillé et émerveillé trouve ici notre témoignage de gratitude pour sa résistance joyeuse aux décibels écrasants du show business.

 

      Je reviens aux choses savantes, pour proclamer nos deux Prix du rayonnement de la Langue et de la Littérature françaises. Ils ont été décernés, l’un au professeur Giovanni Dotoli, l’autre à M. Mate Maras.

      Professeur à l’université de Bari, M. Giovanni Dotoli a fait preuve, par ses nombreux travaux, par la direction d’une revue, par une prodigieuse activité d’organisateur de colloques et de conférences, d’un attachement passionné non seulement pour la culture française classique, mais pour la littérature francophone qu’il s’emploie à faire connaître en Italie. M. Giovanni Dotoli est également poète. Par ce prix, l’Académie a voulu le remercier à la fois pour son œuvre et pour son zèle de grand médiateur.

      Ancien conseiller culturel de la République de Croatie en France, M. Mate Maras est actuellement ministre conseiller près l’Ambassade de Croatie aux États-Unis. Il est l’auteur d’une traduction en langue croate des Lais de Marie de France, ainsi que du Gargantua et du Pantagruel de Rabelais, formidable entreprise qu’il a menée à bien, et qui a conquis au plus grand de nos écrivains une nouvelle patrie. Une telle croisade victorieuse méritait bien une reconnaissance publique sous la Coupole.

     Le principe de Renan, que je rappelais tout à l’heure, a donc inspiré à l’Académie la composition d’un bouquet de Grands Prix réunissant les talents les plus divers, un grand seigneur italien de l’esprit, une grande dame d’une magnifique générosité, un homme d’État historien, des romanciers, essayistes, et nouvellistes raffinés, un jeune prodige de la dramaturgie et l’un de ses confrères les plus doués, un poète, plusieurs érudits, plusieurs traducteurs, une historienne de l’architecture hors de pair, un artiste de variétés délicieux et adoré d’un vaste public, un excellent cinéaste. Qu’ont-ils en commun ? Tous ont produit de la lumière et de la chaleur, tous ont donné un nouvel éclat à notre langue, à nos arts, à notre réputation, tous enfin, Français ou étrangers, solitaires ou mondains, célèbres ou moins célèbres, nous appartiennent en quelque manière pour avoir contribué à cette œuvre commune dont l’Académie française est un symbole, et qu’il faut bien, avec Renan, appeler par son nom : la civilité.

 

     mais cette proclamation de nos Grands Prix est loin d’épuiser notre palmarès de l’an 2000. En effet, plusieurs Fondations instituées pour honorer les poètes nous permettent chaque année de décerner à leurs recueils médailles et lauriers :

     La médaille d’argent du Prix Théophile Gautier, destiné « à des auteurs de poésie lyrique », a été attribuée cette année à M. André Mouly, pour une plaquette intitulée tout simplement Poèmes.

     Deux médailles de bronze du Prix Heredia, destiné « à des auteurs de sonnets ou d’un recueil de prosodie classique » ont été attribuées l’une à M. Jean Rimeize, pour D’une très petite tour, et l’autre à Mme Louise-Anne Verdickt, pour De la magie de l’être.

     Une médaille d’argent du Prix François Coppée, destiné à récompenser « l’auteur d’un recueil de poésie », couronne cette année Mme Esther Tellermann, pour Guerre extrême.

     Une médaille d’argent du Prix Paul Verlaine, destiné lui aussi « à l’auteur d’un recueil de poésie », va à M. François Lacore, pour Poèmes du premier siècle.

     Le Prix Henri Mondor a été fondé pour récompenser « un poète de veine mallarméenne ». Il a été attribué tout naturellement cette année à M. Jean Burkli, pour Tel qu’en lui-même enfin...

     D’autres Fondations nous permettent d’attribuer, chaque année, rien de moins que seize Prix à des ouvrages de Littérature et de Philosophie :

     Une médaille d’argent du Prix Montyon, destiné (je cite son règlement) « aux auteurs d’ouvrages les plus utiles aux mœurs et recommandables par un caractère d’élévation et d’utilité morales », est allée à M. Alexandre Jollien, pour son Éloge de la faiblesse.

     Deux médailles d’argent du Prix La Bruyère, fondé « pour couronner un ouvrage de littérature morale » sont allées l’une à M. Michel Bouvier, pour La Morale classique, et l’autre à M. Jean Salem, pour Cinq variations sur la sagesse, le plaisir et la mort.

     Une médaille d’argent du Prix Émile Faguet, destiné évidemment à récompenser un ouvrage de critique littéraire, ira cette année à Mme Myriam Maître, pour son étude sur Les Précieuses.

     Le Prix Louis Barthou, Prix de littérature générale, est attribué à M. Stéphane Hoffmann, pour un ouvrage chaleureusement recommandé par notre confrère Jean Dutourd, et dont le titre, en lui-même, fait déjà un plaisant étalage de louable humilité littéraire, Journal d’un crétin.

     Le Prix Anna de Noailles est destiné selon son règlement à « une femme de lettres ». Cette définition nous a paru convenir à Mme Christiane Singer, et le Prix est allé à son Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies.

     Le Prix François Mauriac, destiné à un jeune écrivain a été partagé cette année entre M. Sébastien Lapaque, pour Les Idées heureuses, et M. Mathieu Térence, pour Journal d’un cœur sec. Ils recevront chacun une médaille d’argent.

     Le Prix Roland de Jouvenel a été fondé, nous dit son règlement, « dans l’intérêt des lettres ». En l’attribuant à M. Dai Sijie, de naissance et d’éducation chinoises, mais écrivant dans notre langue, et à son émouvant récit-témoignage Balzac et la petite tailleuse chinoise, nous ne pouvions mieux répondre aux intentions des fondateurs.

     Le Prix Biguet récompense un ouvrage de philosophie ou de sociologie. A ce titre, une médaille d’argent a été décerné à M. Jean-Claude Ameisen, pour La Sculpture du vivant. Une médaille d’argent a été attribuée à M. Guy Thuillier, conseiller honoraire à la Cour des comptes, pour un livre que l’on peut vraiment qualifier d’utilité publique, Pour une histoire de la bureaucratie en France.

     Le prestigieux Prix Ève Delacroix récompense l’auteur d’un ouvrage « alliant des qualités morales à des qualités littéraires ». Il est partagé cette année entre M. Roger Bichelberger, pour Celle qui gardait toute chose en son cœur, et Mme Véronique Gély-Ghedira, pour La Nostalgie du moi.

     Le Prix Pierre Benoit est destiné à l’auteur d’un travail sur la vie ou sur l’œuvre de Pierre Benoit, ce grand romancier dont notre regretté confrère Jean-Louis Curtis, toujours à contre courant, s’est fait le champion dans une superbe préface à Mademoiselle de La Ferté. Il est attribué cette année à l’Association des Amis de Pierre Benoit, pour la publication de remarquables Cahiers des Amis de Pierre Benoit.

     Le Prix Jacques Lacroix, destiné à l’auteur d’un ouvrage sur la vie des animaux, est partagé entre M. Jacques Goldberg, pour Les Sociétés animales (communication, hiérarchie, territoire, sexualité) et M. Patrice Leraut, pour L’Album des insectes (les espèces communes de nos régions).

     Plusieurs autres Fondations nous permettent aussi de décerner des Prix d’Histoire et de Sociologie :

     Le Prix Guizot, créé pour récompenser un ouvrage d’histoire générale, va à M. Alain Gérard qui, dans son livre Par principe d’humanité... La Terreur et la Vendée, a écrit l’histoire du premier génocide moderne, et à M. Jacques Jourquin, pour un exhaustif Dictionnaire des Maréchaux du Premier Empire.

     Le Prix Thiers est attribué cette année à M. Michel Abitbol, pour Le Passé d’une discorde. Juifs et Arabes, du VIIe siècle à nos jours, et à M. Bertrand Schnerb, pour L’État bourguignon.

     Le Prix Eugène Colas couronne à la fois M. Jean Baubérot et Mme Valentine Zuber, pour Une haine oubliée. L’antiprotestantisme avant le pacte laïque, M. Jean Flori, pour Pierre l’Ermite et la Première Croisade, et M. le Docteur Claude Durix, pour De la Gaule au Japon par les chemins de Dieu, et pour Le Potier de Kyôto Kawaï Kanjiro.

     Le Prix Eugène Carrière est destiné à un auteur d’ouvrage d’histoire de l’art. Il est attribué cette année à la fois à Mme Marie-Claude Chaudonneret pour L’État et les artistes, à MM. François d’Ormesson et Pierre Wittmer, pour Aux jardins de Méréville, et à M. Jean-Pierre Babelon et Mme Mic Chamblas-Ploton, auteurs de Jardins à la française.

     Le Prix Georges Goyau a été fondé pour « récompenser un ouvrage d’histoire locale ». Il est décerné à Mme Manoëlle Miquel-Regnauld, pour La Normandie et les femmes célèbres, ainsi qu’à M. Georges Gojat, pour Le Bugey, de l’Ancien Régime à la Révolution.

     Le Prix Louis Castex distingue « une œuvre littéraire qui permettra de mettre en lumière soit des souvenirs de voyage ou d’exploration, soit des découvertes dues à l’archéologie ou à l’ethnologie ». Il couronne cette année M Christian Dedet, pour Au royaume d’Abomey, ainsi que Mme Paule Fougère, pour Grands Pharmaciens, et M. Étienne Taillemite, pour Marins français à la découverte du monde.

     Le Prix Monseigneur Marcel, qui est destiné à « un ouvrage consacré à l’histoire philosophique, littéraire ou artistique de la Renaissance », va à M. Alain Cullière, pour Les Écrivains et le pouvoir en Lorraine au XVIe siècle.

     Le Prix Diane Potier-Boès récompense « un ouvrage consacré à l’histoire ou à la civilisation de l’Égypte ». Il est attribué à Mme Claudine Le Tourneur d’Ison, pour Mariette Pacha ou le rêve égyptien.

     Le Prix François Millepierres a été fondé pour distinguer « des recherches historiques portant sur l’Antiquité ou sur l’époque contemporaine ». Il est attribué à Mme Jeanne Bohec, pour La Plastiqueuse à bicyclette. M. Jacques Baumel, pour son ouvrage Résister, histoire secrète des années d’Occupation et M. Roger Bruge, pour Les Hommes de Dien Bien Phu reçoivent l’un et l’autre une médaille d’argent.

     Grâce à d’autres généreux donateurs, l’Académie est aussi en mesure d’accorder des Prix de soutien à la création littéraire, l’un le Prix Henri de Régnier a été décerné à M. Jean-Christophe Buisson, pour Un héros trahi par les Alliés, le général Mihailovic. Les deux autres, le Prix Amic et le Prix Mottart vont à M. Lakis Proguidis et à M. Alexandre Jollien. Ce sont aussi des hommages rendus à l’œuvre déjà publiée de ces deux auteurs.

     Nous ne marquerons jamais assez notre gratitude aux bienfaiteurs qui nous permettent ainsi chaque année de désigner à l’attention publique un véritable florilège de l’édition française. Le principe de Renan, qui a guidé notre choix des Grands Prix, nous a dicté aussi la sélection d’une petite bibliothèque encyclopédique de haute qualité, où chacun, selon ses goûts ou sa curiosité, pourra puiser sans craindre d’être déçu.

     Je vous remercie de votre attention.

1. Alain Corbin, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, Flammarion, 1998, p.289.
2. Alain Corbin, Le Territoire du vide, Aubier, 1988, Avant-propos.